*_ Nom et Prénom du personnage Helen Regan
*_ Groupe. Les Rebelles
*_ Avatar Eva Green
*_: Peur. Excitation. Frisson de l’interdit. Joie de défendre ce que l’on croit être juste. Tout ce qu’ils ne ressentent plus. Tout ce qu’ils ne peuvent comprendre à présent. Ressentir était presque aussi naturel que de respirer pour l’être humain. Mais depuis longtemps, cette faculté lui est interdite, sauf à une rare élite. Une élite qui conserve jalousement ses privilèges. Le troupeau reste docile, prenant sa drogue fournie généreusement par les scientifiques, à heure fixe. Malheur à celui qui l’oublie ! Les sentiments font peur, à présent. Ce sont les premiers pas vers la violence, la peur, la colère, la guerre. Une guerre qui a anéanti l’humanité. Alors, ils se cachent. Ils tournent le dos à ce qui fait d’eux des hommes. Pas tous, heureusement. Les Rebelles revendiquent haut et fort leurs ressentis. Le droit d’avoir du chagrin. D’aimer. Le visage de la jeune femme dissimulé sous sa capuche est expressif. Un visage qui, s’il était vu par les autorités, serait immédiatement un arrêt de mort pour sa propriétaire. Helen soupire. Ses pas l’emmènent dans des rues obscures, où elle ne risque pas de mauvaises rencontres. Elle se laisse aller à ses souvenirs. Douloureux pour la plupart. Mais la douleur, elle l’accepte. Certes, cela n’a pas toujours été facile. La tentation a été fréquente de prendre la drogue et d’oublier la mort de celui à qui elle tenait tellement. Son cher père… Les larmes, traitresses, montent aux yeux de la jeune femme qui les réfrènent fermement. Il est bien trop dangereux de laisser parler ses émotions en public…
Une rue aux odeurs fétides. Et ce silence. A part dans le quartier des Rebelles, Helen n’a plus entendu un rire depuis si longtemps… Le rire. Le propre de l’homme, il paraît. Le pur son de la gaieté. Une chose oubliée, avec tout le reste. Nostalgie. Elle se rappelle son enfance. La mort de sa mère fut un choc, mais à côté de tous ces fantômes sans émotions, même ce souvenir semble doux. Une larme. Les lèvres douces d’un garçon. Un cœur qui bat plus vite. Un tremblement de colère. Ces petites choses qui font qu’on se sent vivant. Elle s’est souvent demandé ce qu’on pouvait bien ressentir quand on prenait cette drogue. Rien, justement…
Ses pensées virevoltent vers un homme. Un homme froid, comme tous ceux qui prennent ce poison. Mais un homme qui la touche. Certes, lui prouver que ressentir n’est pas forcément synonyme de faiblesse serait un atout pour la Résistance. Un atout considérable. Mais au-delà de sa mission, Helen commence à ressentir des choses pour lui. Des choses douces, passionnées. Elle aimerait qu’il goûte à cela. Il verrait qu’elle avait raison. Et elle s’est fait la promesse d’y arriver, avec douceur, avec patience. Elle croise une forme qui hâte le pas. Il est vrai que c’est bientôt l’heure de prendre cette satanée pilule. Et il ne fait pas bon traîner dans la rue quand il est tard. Le visage toujours dissimulé par sa capuche, Helen est vêtue de noir. Seul le bordeaux de sa cape rappelle l’extravagance de la jeune femme. Il n’est pas très malin d’arborer ainsi des couleurs dans un monde où tout est uniformisé. Mais Helen ne peut se résoudre à tout ce gris et ce noir. La vie, c’est aussi les couleurs. Les talons claquent sur le sol tandis qu’elle se dirige vers le bout de la ruelle. Helen ralentit le pas, méfiante. Un bruit attire son attention. Elle sourit. Elle reconnaîtrait cette odeur particulière entre toutes. Sa voix s’élève, sensuelle :
Il est bien tard pour sortir, monsieur O’Bryan…
La jeune femme n’a guère le temps de l’apercevoir qu’il se tient déjà derrière elle, le bras plaqué autour de son cou, l’immobilisant. Helen se laisse un bref instant aller au frisson de sentir le torse de l’homme dans son dos avant de se reprendre. Un sourire s’étire sur ses lèvres. Il ressemble à un robot, son visage est inexpressif.
Félicitations, vous venez d’attraper l’ennemi public n°2. Cela mérite bien qu’on vous félicite. Oh, suis-je bête ! J’imagine que vous ne pouvez être fier de cette capture puisque vous ne ressentez plus rien…. Dommage…
Un sourire amusé, comme une provocation, joue sur les lèvres de la rebelle. Elle se laisse faire tandis que O’Bryan la conduit vers sa sombre cellule. Le premier pas, le premier contact vient de se faire. A présent, c’est à elle de jouer le tout pour le tout afin de le convaincre…